Zone de Texte:

LAZARE VENI FORAS !

Par Philippe Loron

 

« Lazare, sors ! ›› C'est ainsi que Jésus, dans l'évangile de Jean  (chapitre 11), rappelle son ami Lazare à la vie.

Oui, sors de ton tombeau du village de Béthanie où la maladie t'avait confiné depuis quatre jours, alors que tes deux sœurs éplorées en étaient désespérées. Oui, une fois revenu à ta vie terrestre, que l'on te détache de tes bandelettes qui entravaient encore ta vue et ta liberté de mouvement.

Et que vas-tu faire maintenant, ô Lazare? Une fois ressuscité par Celui qui est la Résurrection et la Vie comme Il l'a explicité à ta sœur Marthe, vas-tu pour autant devenir un Saint ? Et quand ? Qu'est-ce que l'on dit de ta vie par la suite ?

L'évangile de Jean donne une information capitale, inouïe, quasiment incroyable. Va-t-on enfin reconnaître que Jésus est le vrai Messie par ce miracle qui clôture pratiquement toute sa vie publique faite d'enseignements pour le Royaume de Dieu et de guérisons ? Jésus est « passé en faisant le Bien ›› (Actes des Apôtres). Et ce haut-fait en est encore la preuve. Il a ramené à la vie son plus cher ami. Lazare, le grand ami de Jésus dans la discrétion et le profond respect d'une amitié humaine et divine à la fois telle une source de joie spirituelle intarissable qui devait les combler l'Un et l'autre ! Il n'y a pas d'autre passage des évangiles qui parlent tant d'une amitié confiante et réciproque. A-t-elle été aussi forte que celle du futur roi David et de Jonathan, le fils du roi d'Israël déchu, Saul. Jonathan est mort tragiquement à la guerre. David en sera affligé au plus haut point, presque inconsolable. Jésus, dont les évangiles précisent qu'il est fils de David tout comme Il est Fils de Dieu et Fils de l'Homme, a pleuré Lui aussi à propos de la perte de son ami. «Jésus pleura ›› (Jn 11, 35) - le plus court verset de la Bible, oh combien immense en émotion ! L'Homme-Dieu qui est toute Miséricorde, plein de compassion et de tendresse, est ici ému au plus haut point dans son humanité.

Que dit donc Jean d'inouï ? Le complot qui se trame contre Jésus va se resserrer davantage. Loin de reconnaître dans la résurrection de Lazare un signe divin et d'en glorifier Dieu, les religieux « officiels ›› c'est-à-dire les chefs des prêtres et les pharisiens, vont vouloir mettre un terme aux miracles de Jésus en le condamnant à mort : par peur de représailles de la part des Romains, ils décrètent qu'il devienne le bouc émissaire de la nation. Il va ainsi mourir pour que la nation juive soit épargnée. Jean ajoute un commentaire plein d'espérance : non seulement pour le salut de la nation juive, mais afin que tout être humain soit sauvé et devienne Fils ou Fille de Dieu pour l'éternité !

Or, à propos de Lazare, Jean glisse au chapitre suivant cette information inouïe : « Ils résolurent de faire aussi mourir Lazare car beaucoup de Juifs croyaient en Jésus à cause de lui ›› ! (v. 11).

LAZARE RESSUSCITÉ EST DONC AUSSI CONDAMNÉ A MORT PAR DES RELIGIEUX ENTRAVÉS PAR LEUR AVEUGLEMENT SPIRITUEL !!!

Ceci est tout aussi valable de nos jours.

N'ignore-t-on pas Lazare en France ? Ne nie-t-on pas habituellement qu'il ait pu toucher le sol de la Gaule méridionale avec ses deux sœurs car ayant été obligé de fuir la persécution juive ?

Que fait-on pour honorer sa mémoire ? Quelles traditions locales y sont impliquées ?

SAINT LAZARE n'a pas été canonisé officiellement par l'Eglise comme on le fait aujourd'hui. Tout comme Sainte Marie-Madeleine, Sainte Marthe et quasiment tous les saintes et saints du premier millénaire chrétien, c'est la dévotion populaire qui l'assurait.

Nous arborons le beau nom de Saint Lazare. Quel honneur pour notre Ordre : c'était le plus grand ami de Jésus sur lequel Celui-ci pleura.